Elle était attendue cette étape “courte” . On m’avait dit qu’elle pouvait faire plus de dégâts qu’une longue en raison du risque de partir vite.
Ai-je commis cette erreur moi aussi ?
Dès les premiers hectomètres, malgré les infernales douleurs causées par les ampoules, je décide de m’accrocher au groupe de tête.
Je n’ai pas l’impression que l’allure est si soutenue.

de gauche à droite : Jan Naaburs – Bruno Heubi – René Strosny – Eiolf – Trond Sjavik

Après 4 kilomètres, René place un démarrage aussi brutal qu’inattendu. On ne le reverra, comme chaque jour qu’à l’arrivée.
Après un bout de route où chacun assume ses relais face au vent, nous passons un moment symbolique avec la traversée de la Loire.

Puis, nous abordons les coteaux du Layon où les côtes succèdent aux descentes cassantes dont je me méfie. Les deux norvégiens sont intenables et constamment à l’attaque.
Je m’efforce d’amortir leurs coups de boutoir incessants.
Ils sont pourtant bien plus expérimentés que moi avec leurs multiples Transe Gaule, Spartathlon et autres Deutschland Lauf et j’ai du mal à comprendre leur stratégie.

Au ravitaillement du 30ème kilomètre, je profite d’une pente sévère pour distancer Trond qui s’était mis à marcher. Eiolf  revient alors comme une balle et s’accroche à moi avec une détermination qui me laisse pantois d’admiration. J’en fait la remarque à Quentin à mes côtés : “C’est un guerrier !”. Un vrai et fier descendant des vikings qui n’ont peur de rien !
Je le sens longtemps dans mon dos à la limite de la rupture et c’est presque avec regret, (car emplit de respect) que je vais enfoncer le clou jusqu’à ce qu’il lâche prise. L’instinct (je dis bien l’instinct dans ces moments, pas l’esprit) de compétition prend alors le dessus.

Eilolf derrière et Trond que l’on apercoit au loin.

Le final ressemble alors aux autres étapes. Je termine tambour battant malgré un tendon d’Achille de plus en plus douloureux et je vais même reprendre la moitié du temps déboursé (soit 5 des 10 minutes) à René Strosny .
A t’il relâché en gérant sa confortable avance ?
Est-ce un premier signe d’une faiblesse ?
Il est en tout cas supersonique et balaie sur son passage tous les records des Transe Gaules précédentes !!
Je dois veiller à ne pas me laisser aspirer par un tel bolide.

Une fois encore l’équipe autour de moi a fait un boulot énorme et je n’aurais jamais les mots pour les remercier. Ils sont tellement disponibles et aux petits soins pour moi. parfois, l’émotion me submerge en les voyant et les larmes me montent aux yeux.

Merci aussi à tous ceux qui m’appellent et/ou me laissent des messages. C’est si bon de se sentir soutenu.
Ces résultats, je vous les dois et une part vous en revient.

PS : un petit truc soufflé par Bruno Roullier, organisateur des 24h de Séné et candidat comme moi à sa première étoile sur la Transe Gaule pour soulager mes orteils mis au supplice.

A suivre…

Les liens vers les autres étapes :

Séquence souvenir avec ces albums photos “Ambiances” de la Traversée. Pas vraiment des portfolios mais un peu quand même…

Les bonus :